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Visite privée de l'atelier du peintre Louis de Meuron

« Visite-privilège », privée, de l’atelier de l’artiste Louis de Meuron, à Marin, resté intact dans la propriété de la famille. Pamela Corvalan, commissaire scientifique de l’exposition “Louis de Meuron, Impression d’Eden”, commentait ce lieu qu’elle connaît très bien.

 Cette visite était destinée exclusivement aux membres d’ARTHIS et aux prêteurs de l’exposition tenue du 24 juin au 26 août 2018 au MahN.

Deux autoportraits du peintre, posés à côté de ses pinceaux et de sa palette, le tiroir du meuble spécialement conçu par Louis de Meuron recelant ses couleurs.

Deux autoportraits du peintre, posés à côté de ses pinceaux et de sa palette, le tiroir du meuble spécialement conçu par Louis de Meuron recelant ses couleurs.

Louis de Meuron est né le 28 juin 1868 à La Sagne. Son père, Frédéric Henri était pasteur. Initié au dessin par Fritz Ulysse Landry et Auguste Bachelin, Louis a étudié à Paris (1887-1895) avant de s'installer à Marin au bord du lac, au “Somerouse” (“maison d’été”). La grille du N° 7 de la rue Louis-de-Meuron s’ouvre sur un éden de magnifiques demeures entourées d’un parc arborisé et de jardins splendides. Le temps s’y arrête. Au centre d’un alignement de belles façades se trouve l’atelier, à l’étage. Dès qu’il y pénètre, le visiteur est enveloppé d’un sentiment de douceur et d’émotion. Les membres d’ARTHIS ont eu le privilège de vivre ce moment grâce à l’hospitalité de Jean-Léonard de Meuron, arrière-petit-fils de Louis.

Les lieux semblent n’avoir pas changé depuis le décès de l’artiste le 30 juillet 1949, et ils sont encore habités de sa présence bienveillante. Un ensemble de tableaux et de dessins orne les murs, est posé sur des chevalets ou à même le sol, sans ordre chronologique ou chromatique. Une vaste verrière zénithale et une grande fenêtre orientée au Nord laissent entrer une lumière claire et uniforme qui illumine la pièce de 10 mètres cube. Ces sources de lumière permettent une sublimation des couleurs, que l’on perçoit d’une extrême transparence ; les tableaux deviennent profondément vivants. L’atelier était chauffé par un poële et une cheminée. Cette dernière, faite sur mesure, porte la date de 1898, année des 30 ans de Louis de Meuron, mais surtout son mariage avec Léonie de Pourtalès et leur établissement dans la propriété du “Somerouse”. En haut des colonnes de calcaire qui l’encadrent, des petits panneaux en bois portent les blasons des familles de Meuron (à gauche) et de Pourtalès (à droite).

Le lieu est calme, serein. Pourtant, il était extrêmement vivant lorsque Louis de Meuron y fumait son cigare en peignant ou y recevait ses clients autour de la table. Les enfants y étaient bienvenus, comme plusieurs jouets en bois en attestent. Amis, proches ou famille avaient la liberté de le traverser ; en effet, des portes de part et d’autre permettent de rejoindre les maisons attenantes. L’atelier se prolonge par une ravissante alcôve boisée, intime, dans laquelle s’ouvre une fenêtre offrant une vue exceptionnelle sur le jardin et le lac. La lumière du soir joue dans les roseaux et se reflète dans les vaguelettes en milliers de petites touches pastel qui ont tant inspiré Louis de Meuron.

Notre guide Pamela Corvalan construit avec grande délicatesse les scènes d’un film imaginaire dans lequel nous voyons Louis de Meuron évoluer en blouse claire. Facétieux, Jean-Léonard de Meuron s’amuse de la forte ressemblance qui le lie avec son arrière-grand-papa et raconte que l’atelier vit toujours au rythme des fêtes de fin d’année, à l’occasion desquelles jusqu’à 30 ou même 40 membres de la famille se retrouvent.

Marqué notamment par Cézanne et Renoir, Louis de Meuron s'est spécialisé dans les portraits d'enfants et les paysages. Il a bénéficié du soutien de Willy Russ et des frères Oskar et Werner Reinhart. Il a été membre de la Commission fédérale des beaux-arts (1928-1932) et privat-docent d'histoire de l'art à l'université de Neuchâtel (1925-1930).