Voyage annuel entre la Broye et la Glâne
Cette année, notre voyage a fait découvrir de vraies pépites à plusieurs de nos membres. En effet, nous avons commencé par (re)découvrir l'abbatiale rénovée de Payerne, chef-d'œuvre d'art roman, puis visité le musée Eugène Burnand avec M. Justin Favrod, historien et journaliste, créateur notamment du mensuel romand d'histoire et d'archéologie "Passé simple". Après un repas au Restaurant de la Poste de Villars-Mendraz, nous sommes revenus à Moudon, ravissante et méconnue ville classée parmi les "plus beaux villages de Suisse", pour en faire le tour toujours en compagnie de M. Favrod. Enfin, nous nous sommes déplacés à Mézières/FR pour visiter le musée du Papier peint, dont la collection est exceptionnelle, avant de rentrer à Neuchâtel.
L’origine de l'abbatiale de Payerne remonte à Adélaïde de Bourgogne, fille de la reine Berthe de Souabe, qui a initié la construction du prieuré Notre-Dame entre 961 et 965 sur le site d'une ancienne villa romaine. La construction de l'église actuelle a débuté au milieu du 11ème siècle, puis elle a été l’objet de nombreuses transformations au cours des siècles en raison d’incendies ou de manque d’entretien. C’est en 1444 que le prieuré est élevé au rang d'abbaye mais la Réforme imposée par les Bernois en 1536 a marqué la fin de la vie monastique à Payerne. Le monastère est fermé en 1565, et l'abbatiale subit diverses utilisations, de grenier à prison.
Une prise de conscience que cette abbatiale est un vrai joyau est initiée à la fin du 19ème siècle grâce à Johann-Rudolf Rahn, un professeur d'histoire de l'art, qui plaide pour sa restauration. En 1920, des fouilles et des travaux sont entrepris, et en 2007, un projet de sauvegarde est lancé pour prévenir son effondrement. Après des travaux coûteux, l'abbatiale a pu rouvrir ses portes en 2020, pour devenir un musée dédié à son histoire et à son architecture.
Notre prochaine étape a été la Ville Haute de Moudon, où se situe le musée Eugène Burnand, que nous avons visité en compagnie de M. Favroz. Ce peintre, né en 1850 à Moudon, mort en 1921 à Paris, découvre la peinture lors d’un voyage à Florence, alors qu’il était âgé de 10 ans seulement. Il obtient un diplôme d’architecte en 1871, mais abandonne ce métier au profit de sa passion : la peinture. Il intègre donc l’école des Beaux-Arts de Paris en 1872, ce qui marque le début de sa carrière. Bien qu’issu d’une famille aisée et fréquentant tant les châteaux que la haute société, il aime peindre des scènes rurales, qu’il peint avec un style naturaliste, même si l’art religieux l’a toujours attiré.
La première mention écrite de Moudon date d'environ 280, ce qui atteste de la présence d’une bourgade très ancienne en ces lieux, au confluent de la Broye et de la Mérine. Aujourd’hui, cette ancienne capitale du Pays de Vaud peut s'enorgueillir d'un patrimoine bâti d'une grande richesse, que nous a fait découvrir M. Favroz. Sa Ville Haute est d'ailleurs reconnue site d'intérêt national en raison des nombreux exemples d'architecture civile médiévale qu’elle recèle, et qui sont extraordinairement bien conservés.
Après cette visite, nous sommes partis pour Mézières (FR). Il s’y trouve le Musée du papier peint, qui occupe une très belle résidence de style baroque tardif. La seigneurie a connu plusieurs propriétaires, dont la famille de Diesbach, qui l’a rachetée en 1756. Frédéric-François-Victor de Diesbach, officier au service de la France, a transformé le château, et c’est à lui que l’on doit un incroyable décor intérieur : entre 1780 et 1830, il en orne 12 chambres et salons de papiers peints français, alors à la dernière mode et très prisés dans les milieux aristocratiques et bourgeois.
Notre guide nous a expliqué que le château s’est longuement dégradé, abandonné, mis à disposition de sociétés locales ou même squatté, jusqu’à ce que son décor n’attire à nouveau l’attention. Il faut préciser que très peu d’ensembles de papiers peints de cette époque sont parvenus jusqu’à nous, surtout encore en place, même au niveau international. Cette rareté et la beauté des décors ont justifié une restauration minutieuse du lieu dès 1994, ainsi que sa protection. Le musée a pu ouvrir ses portes au public en 2007.
Voici une vidéo de cette journée (https://drive.google.com/file/d/1WVEJ1Y-WSKNkkZJFzAN1iBPUNpfQxXbm/view?usp=drivesdk), créée par Philippe Richème, que nous remercions vivement !